Novembre 1994

 

 

« Dans le recours que nous préservons du sujet au sujet la psychanalyse peut accompagner le patient jusqu’à la limite extatique du "tu es cela", ou se révèle à lui sa destinée mortelle, mais il n’est pas de notre seul pouvoir de praticien de l’amener à ce moment ou commence le véritable voyage » 1

 

"Personnellement, je n’ai qu’une certitude… dit le docteur, et laquelle ? demandai-je curieux de connaître l’avis d’un homme resté jusque-là silencieux. C’est me répondit-il que tôt ou tard un beau matin, je mourrai. Vous êtes battu ! lui dis-je car j’en ai quant à moi une autre à savoir qu’un vilain soir, j’eus le malheur d’être né ". 2.

 

C’est ici qu’il faut mettre la fin du stade du miroir ainsi que la citation de Lermontov. En écho à cette fin du stade du miroir, il faudrait mettre le séminaire N° II :

 

"Comment un sujet qui a traversé le fantasme radical peut-il vivre la pulsion" 3.

"Ce franchissement est possible. Tout un chacun de ceux qui ont vécu jusqu’au bout avec moi, dans l’analyse didactique, l’expérience analytique sait que ce que je dis est vrai " 4

Je vais commencer par une anecdote. Je cherchais dans une librairie bien aimée un livre dont je connaissais le titre : “Aïe mes Aïe ux”, mais pas le nom de l’auteur, j’attendais derrière un client (c’est aussi comme ça qu’on appelle parfois un patient) qui cherchait un livre dont il ne connaissait ni le titre ni le nom de l’auteur. J’étais habité en arrivant à cette librairie par un flash T. V, une émission : envoyé spécial. Un médecin français était entré en communication écrite avec des personnes qui se trouvaient dans le couloir de la mort, aux états-Unis. Ils ne s’étaient jamais vus. L’interviewer d’un des condamnés lui demande comment il se représentait ce médecin ? :

" Quand je ferme les yeux et que j’essaye de le voir, c’est mon image dans le miroir que je vois "

 

Cet autre client, à l’entendre, cherchait le livre d’une personne qui fût dans le couloir de la mort, des souvenirs me revenaient : j’avais lu le livre, ce fût un événement, l’année de son exécution 1963, assassinat de J. Kennedy, fondation de l’école freudienne, son nom finissait par Man, je le lui dis, il finit par se souvenir du nom Caryl Chesman et le titre couloir de la mort. Je n’ai pas pu me souvenir du nom de l’auteur de " Aie mes Aïeux" mais la libraire me dit :

" je le vois ce titre il comporte un redoublement : Aïe mes Aïe ux"

Il y a un secret. Il y a un secret du secret chez les mystiques.

"Notre enseignement : (les compagnons du prophète) est un secret, un secret caché par un secret, un secret rendu secret, un secret au sujet d’un secret. Notre enseignement est la vérité, l’exotérique, l’ésotérique de l’exotérique et l’ésotérique de l’ésotérique. Toute chose a un secret celui de l’islam est le chi’isme." 5

5. . Moezzi : Du guide divin Verdier . Page 312 .

4. . Lacan.J., S XI, 245.

3. Lacan.J., S XI,246.

2. Lermontov cité par Volochinon en 1925 dans ; Au delà du social : Essai sur le freudisme

1. Lacan : Les Ecrits , le stade du miroir . Seuil