Jeudi 21 Janvier 1999

La passe

 

Seule la technique scolastique, qui distingue nettement un usage figuré des termes - où l’équation diffamation = homicide est permise - d’un usage propre où diffamation et homicide renvoient à deux actions différentes, seule cette technique peut décomposer la dangereuse identité des deux péchés et confirmer la moindre gravité de la diffamation par rapport au meurtre, sur la base de la hiérarchie des préjudices causés ou sur celle, équivalente, des biens lésés.

 

Cette citation du “Péché de la langue” sous laquelle j’ai placé le séminaire de cette année, je ne savais pas qu’elle me conduirait à cette formule de la “caméra dans la caméra” qui indique que si la représentation du meurtre n’est pas techniquement et esthétiquement impossible, elle ne peut se faire qu’en se faisant complice du meurtrier. En quoi le nazisme aurait touché, mais pas coulé, le principe même de la pensée quand le meurtre de la chose ne se distingue plus du meurtre de l’objet. 1.

En quoi cela intéresse la cure des hallucinés ? Il y a là une hypothèse : il y a un porteur de secret, un “Geheimnisträger”, secret tel que si l’on s’en approche on se fait le complice du meurtrier . Il importe donc d’en passer par ce que je nomme des scènes déplacées construites en stimulant la créativité, en demandant un acte créateur de nature divine, en demandant de modeler de la glaise, acte par lequel Dieu a créé la créature à son image, à sa ressemblance (et non pas à son imitation).

Une note clinique mettra en liaison/opposition l’ombre : productrice d’anamorphose, et l’image (visuelle et acoustique) en miroir.

Une scène d’Hénoch III sera a nouveau convoquée en cette occasion.

 

 

Je vous souhaite une bonne année. A bientôt

1. voir à ce propos les travaux de H. Piralian. En particulier sur la structure génocidaire.